Ma famille (Christophe) est très catholique. Mais elle a adopté les réformes de Vatican II sans sourciller, mon Père, car il y croyait, ma mère beaucoup moins, parce qu’elle avait été au couvent jusqu’à 18 ans.
Dans notre famille, la messe est obligatoire jusqu’à 16 ans, après quoi, chacun a soin de son âme.
Je confesse que la messe conciliaire, le catéchisme du même métal et les sacrements afférents m’ont laissé parfaitement indifférent. Bien pire, j’ai commencé à lire de la philosophie avec une prédilection pour Nietzsche dont j’avais lu l’œuvre intégrale avant mes 18 ans…
S’est alors ouvert une période de rejet de l’héritage familial religieux, et bien sûr de rejet de la messe. Il s’est accentué dans la fin des années 70 et le début des années 80 par le véritable « cirque » qu’étaient devenus les offices (guitares, Tam Tam et autres happenings sans aucun lien avec la sacralité). A cela s’ajoutaient des sermons où l’on ne parlait pas de Dieu, ou du Christ, mais du Nicaragua ou des chômeurs, ou que sais-je…
Vers 1982, j’ai ressenti un vide spirituel que la messe moderne ne pouvait combler, ni la philosophie étancher. J’ai cherché l’absolu : comment nos ancêtres priaient-ils et vivaient-ils leur spiritualité ? J’ai trouvé les réponses dans les œuvres de Georges Dumézil (de l’Académie Française) spécialiste des religions comparées, et surtout Indo-Européennes, inventeur de la tri fonctionnalité chez les Dieux des Indo-Européens. La réponse était donc un message éternel, transmis oralement par Tradition entre initiés. Cette découverte métaphysique m’a amené à m’intéresser à la Sophia Perennis , et j’ai dévoré les ouvrages de René Guénon, Fritjhof Schuon, Julius Evola ou encore Jean Borella. La présence divine m’apparaissait évidente, mais pas le moyen de « toucher » cette présence. Et puis, si tous les messages divins trouvaient leur source dans une Vérité unique, comment expliquer les religions méso-américaines, sanglantes et versées dans un occultisme scientifique peu compatible avec une foi saine ? Retour à la case départ, j’étais de facto un agnostique.
Ayant épousé en 1990 une fervente catholique (moderniste), j’allais de loin en loin constater que les offices catholiques ne s’amélioraient pas, et dans le cas de la Martinique, j’allais dire, au contraire ! En 1994, lors d’un salon professionnel à Paris, j’ai voulu visiter le Sacré Cœur à Montmartre. J’entrai au moment d’un vibrant Credo chanté par une chorale extraordinaire. Ma femme comme moi sommes restés tétanisés par la beauté et la profondeur de cet office auquel nous avons assisté jusqu’au bout. De retour en Martinique, quelques mois plus tard, je parlais à un ami officier de cette expérience autour d’un punch et il m’informa que Fort de France possédait une chapelle de la FSSPX. Le dimanche suivant nous nous y rendîmes avec mon épouse, et si ma martiniquaise était réservée sur le Latin elle dût admettre que les sermons de l’Abbé Ortiz flirtaient avec des sommets. Nous ne nous rendîmes à la messe que systématiquement à cette chapelle, qui vit le Baptême de notre deuxième enfant.
Les hasards de la vie professionnelle m’emmenèrent ensuite en Nouvelle Calédonie de 2001 à 2008. Je m’astreignis à emmener ma famille tous les dimanches à la Cathédrale pour de tristes offices Paul VI, que plus d’une fois, j’ai quitté par l’allée centrale, à cause des sermons infects (« le Diable n’existe pas, il n’est que la personnification anthropomorphique de nos mauvais penchants » ou encore « Dieu n’est pas un vieillard à barbe Blanche, c’est parce que l’on veut nous communiquer l’image du Père, mais il pourrait aussi être une femme », j’en passe et des meilleures…).
Cet enfer auquel je m’astreignais pour habituer les enfants au rythme et devoirs dominicaux allait prendre fin en 2008. Cette année-là, j’avais acheté une maison à Dumbéa à 25 km de Nouméa et lors d’une balade à moto, je m’aperçus qu’une chapelle était en construction à 800 mètres de chez moi. Curieux, je m’approchais et tombais sur un vieux ronchon qui m’informa que la propriété était privée et possession de la FSSPX. Une heure plus tard, autour d’un apéritif et d’un cigare, cet ancien légionnaire me racontait la merveilleuse histoire de Clovis, le chef de tribu kanak qui a fait venir la fraternité en NC en 1983.
Ma femme autant que moi fut frappée par le fait que la Fraternité s’installe à côté de chez moi, et le message nous sembla très clair. Nous fréquentâmes cette chapelle jusqu’à notre retour en France en 2019. J’en ai été le Secrétaire de mission pendant 6 ans, mon dernier y a été le premier confirmé (par Monseigneur Tissier de Mallerais), ma fille y a été la première mariée (par le Père Bochkoltz…
In Christo Jesu